Le rabbinat féminin au sein du judaïsme libéral en France : de la difficulté à briser le plafond de vitrail
The female rabbinate within liberal Judaism liberal in France: On the difficulty in breaking the stained glass ceiling
Cet article vise à analyser les raisons pour lesquelles des femmes françaises et juives libérales ont été ordonnées rabbines tardivement, en 1990, malgré un principe d’égalité en vigueur depuis 1846, et en si petit nombre. Cette question sera abordée dans une perspective féministe, à l’aide d’approches et de concepts issus de la sociologie des
organisations et du travail. Nous tenterons de comprendre les mécanismes de « plafond de verre » (Laufer, 2004) et de vitrail (de Gasquet, 2009), qui freinent l’accès de ces femmes aux postes de pouvoir et à la fonction de rabbin selon l’approche « Genre – Organisation – Système » (Fagenson, 1990), approche non encore employée dans les études des institutions religieuses juives. Nous verrons alors que le poids du patriarcat systémique, un rabbinat organisé selon des valeurs, des modèles et une gestion masculine, ainsi que l’autocensure des femmes et l’enfermement des hommes dans des stéréotypes genrés, ont contribué à la construction d’un plafond de vitrail qui a eu raison des principes égalitaires.
organisations et du travail. Nous tenterons de comprendre les mécanismes de « plafond de verre » (Laufer, 2004) et de vitrail (de Gasquet, 2009), qui freinent l’accès de ces femmes aux postes de pouvoir et à la fonction de rabbin selon l’approche « Genre – Organisation – Système » (Fagenson, 1990), approche non encore employée dans les études des institutions religieuses juives. Nous verrons alors que le poids du patriarcat systémique, un rabbinat organisé selon des valeurs, des modèles et une gestion masculine, ainsi que l’autocensure des femmes et l’enfermement des hommes dans des stéréotypes genrés, ont contribué à la construction d’un plafond de vitrail qui a eu raison des principes égalitaires.
This article aims to analyze the reasons why French and liberal Jewish women were ordained as rabbis only in 1990, despite the existence of a principle of equality in effect since 1846, and in such small numbers. This question will be addressed from a feminist perspective, using approaches and concepts from the sociology of organizations and labor. We will attempt to understand the “glass ceiling” (Laufer, 2004) and “stained-glass ceiling” (de Gasquet, 2009) mechanisms that hinder the access of these women to positions of power and to the function of rabbi according to the “Gender – Organization – System” approach (Fagenson, 1990), an approach not yet used in studies of Jewish religious institutions. We will then see that the weight of systemic patriarchy, a rabbinate organized according to male values, models and management, as well as women’s self-censorship and men’s confinement in gendered stereotypes,
have contributed to the construction of a stained-glass ceiling that has stifled
egalitarian principles.
have contributed to the construction of a stained-glass ceiling that has stifled
egalitarian principles.
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Le rabbinat féminin au sein du judaïsme libéral en France : de la difficulté à briser le plafond de vitrail. 2023: 37–64. https://archive.jpr.org.uk/object-3759