Abstract: En dépit de quelques zones d’ombre sur le rôle de certains acteurs grecs, l’histoire de la destruction du cimetière juif de Thessalonique est aujourd’hui bien documentée. À la suite des travaux menés par plusieurs historiens, il est en effet établi que la vaste nécropole juive de Thessalonique a été détruite à partir du 6 décembre 1942, sur ordre de l’occupant allemand, à l’instigation de certaines franges de la population chrétienne locale et des autorités municipales qui convoitaient depuis longtemps cet espace de quelque trente-cinq hectares, d’une grande richesse historique, archéologique et épigraphique, situé initialement hors les murs, de la via Egnatia à la colline des « Quarante-Églises », mais bloquant l’extension de la ville vers l’est depuis la démolition de la muraille orientale de la Selanik ottomane à la fin du xixe siècle. Durant les deux semaines qui suivirent l’ordre final de démolition donné par Max Merten, le conseiller civil du commandement militaire allemand de Thessalonique-Égée (Befehlshaber Saloniki-Ägäis), des centaines d’employés rasèrent le vieux cimetière juif dont les pierres tombales furent livrées au pillage puis utilisées comme matériaux de construction. C’est ainsi que nombre de dalles et de stèles funéraires furent disséminées dans toute la ville et qu’elles s’offrent encore aujourd’hui au regard, dispersées à divers endroits de l’ancienne « petite Jérusalem », voire dans les environs.
Au-delà de quelques rappels indispensables pour comprendre dans quelles circonstances le plus vaste cimetière juif sépharad…