La transformation de l'identité sociale des Juifs lettons après la chute de l'URSS : analyse de la mise en récit du passé
Transformation of the social identity of Latvian Jews after the fall of the USSR : a narrative analysis
La chute du régime communiste et l'indépendance de la Lettonie ont déclenché de nombreux changements politiques à l'intérieur de ce pays, qui ont concerné dans un large mesure la communauté juive. Cette période a en effet été marquée par une émigration massive de Juifs, en particulier en Israël et aux Etats-Unis, ainsi que par l'émergence d'une vie communautaire, interdite à l'époque soviétique, principalement grâce au soutien d'associations juives internationales comme Joint et l'Agence juive. La désoviétisation de la Lettonie a également contribué à un réexamen de son histoire, y compris de ses aspects les plus difficiles, comme le génocide juif, au cours duquel près de 90% de la communauté locale a été exterminée. Par conséquent, pour l'ensemble des Juifs lettons, le contexte a été radicalement transformé : ils sont passés du statut de Juifs soviétiques, victimes du régime, séparés du reste de la société et auxquels on refusait le droit de se souvenir - toute allusion au génocide juif étant interdite en URSS - et même de quitter les frontières du pays, à celui de citoyens bénéficiant d'une place assurée dans la société, avec un passé douloureux reconnu, voire mis en avant, par les institutions politiques. En Lettonie, la mise en place de la politique commémorative s'impose dans le cadre de la démocratisation et de l'intégration européenne, mais est compliquée par le croisement entre la mémoire traumatique des Lettons chrétiens, liée aux répressions soviétiques en 1940, et celle de Juifs lettons, refusant la mise en parallèle entre les Soviétiques et les Nazis. Les immigrés postsoviétiques, quant à eux, se retrouvent confrontés à leur société d'accueil, ce qui leur impose de s'adapter encore plus rapidement aux mêmes transformations sociales.
The demise of the Communist regime and Latvian independence has triggered considerable political changes inside the country. A number of them concerned the local Jewish community: on the one hand, it produced a massive emigration of the Latvian Jews, in particular toward Israel and the US, on the other hand, we can observe the revival of the Jewish community activity, which had been forbidden during the Soviet Era, supported by international Jewish organizations, such as Joint and the Jewish Agency for Israel. The rupture with the Soviet rule has also contributed to a revision of history, including its more difficult aspects, such as the Jewish genocide, which had led to the extermination of around 90% of Latvian Jews. As consequence, Latvian Jews have been subject to important contextual transformations: their status has evolved from that of victims of the Soviet authorities, segregated from the rest of the society, forbidden to remember (any allusion to the Holocaust was forbidden in the USSR) nor to leave the country, towards that of citizens with equal rights and recognized traumatic past. In Latvia, the official commemoration of the Holocaust was imposed during the process of democratization and European integration of the country, but was also questioned by the competing memories: while that of native Latvians focused on Soviet repressions of 1940, that of Latvian Jews denied any parallel between the Soviets and the Nazis. The immigrants, in their turn needed to integrate news societies, and therefore had to adjust to social and political transformations even faster than those who remained in Latvia.
La transformation de l'identité sociale des Juifs lettons après la chute de l'URSS : analyse de la mise en récit du passé. . 2010: https://archive.jpr.org.uk/object-lv5