Abstract: La chute de l’Empire soviétique et l’indépendance de la Lettonie à la fin des années 1980 ont entraîné de nombreux changements politiques à l’intérieur de ce pays qui, dans une large mesure, ont concerné la communauté juive. Cette période a été marquée par une émigration massive des Juifs, en particulier en Israël et aux États-Unis, ainsi que par l’émergence d’une vie communautaire, interdite à l’époque soviétique. L’étude s’efforce de répondre à la question de la transformation de l’auto-identification chez les Juifs lettons postsoviétiques dans de nouvelles sociétés, à savoir la Lettonie indépendante, l’État d’Israël et les États-Unis avec, comme principal indicateur, les fêtes et les célébrations religieuses et civiles, traditionnelles ou adoptées par cette population après l’effondrement de l’URSS.
Abstract: La chute du régime communiste et l'indépendance de la Lettonie ont déclenché de nombreux changements politiques à l'intérieur de ce pays, qui ont concerné dans un large mesure la communauté juive. Cette période a en effet été marquée par une émigration massive de Juifs, en particulier en Israël et aux Etats-Unis, ainsi que par l'émergence d'une vie communautaire, interdite à l'époque soviétique, principalement grâce au soutien d'associations juives internationales comme Joint et l'Agence juive. La désoviétisation de la Lettonie a également contribué à un réexamen de son histoire, y compris de ses aspects les plus difficiles, comme le génocide juif, au cours duquel près de 90% de la communauté locale a été exterminée. Par conséquent, pour l'ensemble des Juifs lettons, le contexte a été radicalement transformé : ils sont passés du statut de Juifs soviétiques, victimes du régime, séparés du reste de la société et auxquels on refusait le droit de se souvenir - toute allusion au génocide juif étant interdite en URSS - et même de quitter les frontières du pays, à celui de citoyens bénéficiant d'une place assurée dans la société, avec un passé douloureux reconnu, voire mis en avant, par les institutions politiques. En Lettonie, la mise en place de la politique commémorative s'impose dans le cadre de la démocratisation et de l'intégration européenne, mais est compliquée par le croisement entre la mémoire traumatique des Lettons chrétiens, liée aux répressions soviétiques en 1940, et celle de Juifs lettons, refusant la mise en parallèle entre les Soviétiques et les Nazis. Les immigrés postsoviétiques, quant à eux, se retrouvent confrontés à leur société d'accueil, ce qui leur impose de s'adapter encore plus rapidement aux mêmes transformations sociales.