Transition, nationalisme et antisémitisme : l’exemple polonais
Transition, nationalism and anti-Semitism: the Polish example
Les manifestations de nationalisme et d’antisémitisme qui accompagnèrent la transition furent souvent interprétées en termes de retour du même. En témoignent des expressions chargées en connotations primordialistes telles que « retour des nations et du nationalisme », « réveil des nationalismes », « retour des vieux démons ». Effet « réfrigérant » de la domination du Parti-État, « vide idéologique » postcommuniste, telles furent, dans un premier temps, les explications communément invoquées pour en expliquer la réactivation.
C’est oublier que l’effondrement idéologique du communisme en Europe du Centre-Est a largement précédé celui du Mur de Berlin, et que les passions nationalistes n’avaient jamais été mises au frigidaire sous le régime communiste. Instrumentalisées par certaines élites du Parti comme par des fractions de l’opposition, elles n’ont pas attendu l’effondrement du Mur de Berlin pour se déployer. Reste que leurs manifestations récentes sont d’autant plus difficiles à interpréter en bloc que l’hétérogénéité sociologique de l’Europe du Centre-Est s’approfondit depuis la désintégration de l’Empire soviétique et que le concept même de nationalisme désigne parfois des réalités sociales et politiques diamétralement opposées.
En partant de l’idée que « le renouveau du nationalisme en Europe de l’Est est moins la cause de la situation actuelle que sa conséquence », nous montrerons à partir de l’exemple polonais, que celui-ci participe en réalité d’un phénomène classique de réinvention d’une tradition…
C’est oublier que l’effondrement idéologique du communisme en Europe du Centre-Est a largement précédé celui du Mur de Berlin, et que les passions nationalistes n’avaient jamais été mises au frigidaire sous le régime communiste. Instrumentalisées par certaines élites du Parti comme par des fractions de l’opposition, elles n’ont pas attendu l’effondrement du Mur de Berlin pour se déployer. Reste que leurs manifestations récentes sont d’autant plus difficiles à interpréter en bloc que l’hétérogénéité sociologique de l’Europe du Centre-Est s’approfondit depuis la désintégration de l’Empire soviétique et que le concept même de nationalisme désigne parfois des réalités sociales et politiques diamétralement opposées.
En partant de l’idée que « le renouveau du nationalisme en Europe de l’Est est moins la cause de la situation actuelle que sa conséquence », nous montrerons à partir de l’exemple polonais, que celui-ci participe en réalité d’un phénomène classique de réinvention d’une tradition…
The manifestations of nationalism and anti-Semitism that accompanied the transition were often interpreted in terms of a return of the same. This is evidenced by expressions loaded with primordialist connotations such as “return of nations and nationalism”, “awakening of nationalisms”, “return of the old demons”. “Chilling” effect of Party-State domination, post-communist “ideological vacuum”, such were, initially, the explanations commonly invoked to explain its reactivation.
This forgets that the ideological collapse of communism in East-Central Europe largely preceded that of the Berlin Wall, and that nationalist passions had never been put in the fridge under the communist regime. Instrumentalized by certain Party elites as well as by sections of the opposition, they did not wait for the collapse of the Berlin Wall to deploy. The fact remains that their recent manifestations are all the more difficult to interpret as a whole given that the sociological heterogeneity of Central-Eastern Europe has deepened since the disintegration of the Soviet Empire and that the very concept of nationalism sometimes designates realities diametrically opposed social and political issues.
Starting from the idea that "the revival of nationalism in Eastern Europe is less the cause of the current situation than its consequence", we will show from the Polish example that this in reality contributes to a classic phenomenon of reinventing a tradition…
This forgets that the ideological collapse of communism in East-Central Europe largely preceded that of the Berlin Wall, and that nationalist passions had never been put in the fridge under the communist regime. Instrumentalized by certain Party elites as well as by sections of the opposition, they did not wait for the collapse of the Berlin Wall to deploy. The fact remains that their recent manifestations are all the more difficult to interpret as a whole given that the sociological heterogeneity of Central-Eastern Europe has deepened since the disintegration of the Soviet Empire and that the very concept of nationalism sometimes designates realities diametrically opposed social and political issues.
Starting from the idea that "the revival of nationalism in Eastern Europe is less the cause of the current situation than its consequence", we will show from the Polish example that this in reality contributes to a classic phenomenon of reinventing a tradition…
103-199
9782130486305
Link to article (paywalled), Transition, nationalisme et antisémitisme : l’exemple polonais
Transition, nationalisme et antisémitisme : l’exemple polonais. . 1997: 103-199. https://archive.jpr.org.uk/10.3917/puf.birnb.1998.01.0103