Abstract: Dans la brochure informative qu’elle fait publier lors de son ouverture en 1935, l’école Maïmonide affirme vouloir faire de ses élèves des adultes « conscients de leurs doubles devoirs envers le judaïsme dont ils sont les héritiers, envers la France dont ils seront les citoyens dévoués ». Le premier lycée juif français s’est donc donné pour objectif de former une élite communautaire qui puisse mener une vie citoyenne et professionnelle épanouie en France tout en assurant la relève de la vie juive dans le pays. De fait, parmi les valeurs juives transmises en son sein, le sionisme a toujours tenu une place de premier plan. Comment expliquer qu’un établissement scolaire se donnant pour mission principale d’assurer la pérennité d’une vie juive en France accorde une telle importance au sionisme ? En analysant les différentes manières dont le sionisme a été interprété et mis en pratique dans le cadre de l’école Maïmonide, cet article propose de montrer comment, au fil des générations, l’établissement n’a cessé de concilier son attachement au sionisme avec la volonté d’œuvrer pour l’essor du judaïsme en France. Cette analyse permettra de revenir sur l’histoire de ce premier lycée juif français qui, bien qu’évoqué dans de nombreux travaux portant sur l’histoire de l’éducation juive en France, n’a jusqu’ici fait l’objet d’aucune une étude spécifique. Plusieurs historiens ont signalé l’absence d’archives conservées par le lycée Maïmonide pour expliquer cet angle mort historiographique. Pour remédier à ce manque, cet article s’appuiera sur des sources provenant de divers fonds d’archives institutionnels et privés, sur la presse communautaire et sur une cinquantaine d’entretiens, menés entre 2016 et 2020 en région parisienne et en Israël, avec d’anciens élèves et professeurs de l’établissement scolair…