Abstract: La question centrale de cette recherche s’inscrit dans la foulée des problématiques autour de
la patrimonialisation, de la performance et de la mise en scène des pratiques musicales. Elle
vise plus précisément à comprendre comment et pourquoi les Judéo-espagnols de France,
installés depuis le début du XXe siècle, utilisent les pratiques singulières des musiciens et
chanteurs professionnels majoritairement externes à la communauté pour revendiquer leur
patrimoine musical collectif et affirmer leur identité. La chercheuse replonge dans le passé
afin de saisir comment le répertoire musical s’est construit et est devenu un objet quasiment
exclusif au monde de l’art, alors qu’il reste associé aux répertoires dits « traditionnels ». En
vue d’interroger la judéo-hispanité musicale et déterminer ce qui la caractérise au présent, une
ethnographie multi-site auprès des artistes et de la communauté est proposée. Enfin, pour
comprendre le sens des pratiques, différents espaces de performance sont examinés à partir de
l’analyse des interactions entre les pôles de production et de réception, en cohérence avec le
contexte général de la pratique et de l’ensemble des paramètres performanciels. La conclusion
révèle notamment que la relation entre les artistes et la communauté génère un nouvel espace
familial et intimiste et que chacun des espaces forme un système interrelationnel dont
l’interaction permet de produire un équilibre qui consiste à faire vivre et à investir le
patrimoine musical au présent. Par ce biais, c’est notamment la problématique des catégories
musicales (musiques populaires, musiques traditionnelles, musiques de scène) reliées aux
espaces de pratique qui est interrogée.