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Author(s): Lapeyronnie, Didier
Date: 2012
Abstract: Ces dernières années, on croyait ne jamais plus voir ces images de synagogues brûlées. On pensait qu'un Juif pratiquant, portant kippa, ne pourrait pas être insulté dans une rue ou dans le métro, pas plus qu'un enfant dans une école ne pourrait être inquiété.

On se disait que les morts dormiraient en paix, sans que des tombes ne soient profanées. Mais voilà, les injures et les agressions se sont multipliées. Et ces derniers temps, les Juifs de France ont éprouvé comme un malaise, un sentiment d'abandon. Le texte que nous publions pour ce neuvième numéro des Études du CRIF est d'une grande richesse et d'une grande érudition.

Didier Lapeyronnie connaît bien le sujet et les questions qu'il pose nous interpellent gravement. Y a-t-il généralisation d'un sentiment antisémite dans les quartiers populaires ? Pourquoi certains jeunes, premiers touchés par une discrimination dirigée vers les populations arabes ou d'origine immigrée, sont-ils à l'origine d'incidents et de violences antisémites ? Comment l'antisémitisme s'explique-t-il alors et est-il une revendication d'ordre social et d'intégration ? Se donne-t-il à voir sous plusieurs formes ? Est-il présent dans le vocabulaire et les expressions quotidiennes ? S'exprime-t-il hors de toute idéologie constituée, comme s'il s'inscrivait régulièrement dans le vocabulaire et les expressions quotidiennes ?

Le sociologue pense que l'antisémitisme finit par structurer une représentation du monde dans laquelle il va chercher confirmation et renforcement.

Il ajoute ensuite cette réflexion saisissante : « Les Juifs sont tout, si je suis exclu, les Juifs sont intégrés, si je suis pauvre, ils sont riches, si je suis méconnu, ils sont reconnus, si je suis méchant, ils sont gentils, si je suis dépourvu de communauté, ils en ont une, si je suis impuissant, ils sont puissants... Au fond ils concentrent tout le sens et assèchent toutes les possibilités de donner une signification à la situation vécue. Si « je ne suis nulle part », «les Juifs, il y en a partout et c'est bien le problème !» Il devient donc inutile de chercher à se transformer ou à changer la société, il devient inutile de revendiquer ou d'agir. Il devient inutile de penser.

L'antisémitisme résout tous les problèmes : il suffit d'inverser les polarités. S'ils n'étaient pas « partout », je ne serais pas nulle part.»

Tout comme le racisme, il est évident que l'antisémitisme secoue notre société. Il met bien à mal les valeurs de la République et il est une tâche indélébile et crasse. Mais il est surtout l'affaire de tous. Ce ne sont pas aux seuls Juifs de France de combattre l'antisémitisme, mais à la société entière de combattre les racines du mal.

Marc Knobel
Author(s): Fellous, Gérard
Date: 2014
Abstract: En 2005, la France célébra le centenaire de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, un an après le vote de la loi sur les signes religieux à l’école et le débat passionné qu’elle a suscité en France. Depuis plusieurs années, la laïcité est devenue un terrain d’affrontements et de vives tensions. Par exemple, Marine Le Pen se réclame du principe de laïcité pour se donner une respectabilité républicaine. Or, les valeurs que défend le Front national sont à l’opposé du principe de laïcité.

Il faut donc rappeler qu’en France, la laïcité c’est d’abord une liberté de croyance, une liberté de conscience qui permet aux hommes et aux femmes qui composent une société d’y vivre comme ils le souhaitent. Elle permet donc de concilier la diversité des croyances et des patrimoines culturels avec l’égalité des droits. L’État républicain doit se faire accueillant à tous, sans discrimination. Pour cela, il se refuse à tout privilège des particularismes : ni religion reconnue, ni athéisme consacré. Les religions et les humanismes athée ou agnostique peuvent se vivre librement, dans la sphère privée de l’intimité personnelle. La laïcité est donc porteuse d’un idéal, celui de l’individu-citoyen, elle est donc faite pour tout le peuple. La laïcité c’est également un ensemble de lois qui permettent à tous les citoyens de vivre ensemble sans qu’ils aient à renoncer à leurs particularités. Il n’y a pas de contradiction entre l’identité et la citoyenneté.

Face à une laïcité très souvent mal connue ou ignorée par une majorité des citoyens, les juifs de France, qu’ils soient croyants, pratiquants ou non, attachés à leurs origines religieuses ou athées, ont tissé des liens historique, sociologique et philosophique avec cette laïcité consubstantielle à leur citoyenneté et à leur adhésion à la Nation, résume Gérard Fellous, dans ce texte que nous publions pour ce vingt-huitième numéro des Etudes du CRIF: « La laïcité française. L’attachement du judaïsme. » Le judaïsme français s’est toujours montré fortement attaché aux principes fondamentaux de la laïcité, résume-t-il encore, avec justesse.

Certes.

Mais, si les atteintes à la laïcité ne sont pas acceptables, il ne saurait pourtant être question d’abdiquer devant les éventuelles atteintes aux fondamentaux, tant en France qu’en Europe.

La montée d’une sorte d’antijudaïsme institutionnel et « légal » inquiète les juifs d’Europe, lequel antijudaïsme a commencé à se traduire dans plusieurs grands pays de l’Union européenne par une remise en cause directe du droit et de la possibilité d’exercer librement la religion juive. Lorsque l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe vote en plénière, une résolution contre la circoncision assimilée à une mutilation sexuelle, cela nous éclaire sur sa face sombre. Le CRIF a mis un point d’honneur à dénoncer ce projet de loi-cadre. Nous pensons également à la remise en cause de la cacherout alimentaire - et surtout des autorisations jusque-là consenties à l’abattage rituel juif, dans quelques pays, ce qui serait une atteinte à une tradition millénaire.

Roger Cukierman,

Président du CRIF

Author(s): Szwarc, Sandrine
Date: 2016
Abstract: Introduction de Jean-Pierre Allai

Les événements tragiques qui ont traumatisé notre pays ces dernières années : Toulouse, Charlie Hebdo, Hyper Cacher, Bataclan et, plus récemment, le camion fou de la promenade des Anglais à Nice, nous amènent, légitimement, à nous poser la question : l’offensive islamique contre le monde occidental finira-t-elle par avoir raison d’une civilisation millénaire ou parviendra-t-on un jour à dominer et à terrasser ce fléau impitoyable ? En d’autre termes, et pour ce qui concerne la France : la culture en général et sa composante juive en particulier, pourront-elles survivre à cette offensive des tenants d’un obscurantisme dévoyé qu’on pensait à jamais disparu ?

Pour répondre à cette question essentielle, Sandrine Szwarc, historienne, enseignante à l’Institut Universitaire d’Etudes Juives Elie Wiesel et membre du Comité de Rédaction d’ Actualité Juive, commence par brosser un tableau de la situation culturelle de la communauté juive de France au lendemain de la Shoah. Cette communauté, qui a perdu 76 000 de ses membres, se resserre autour de la « yiddishkeit française ». Les titres de la presse yiddish, d’Unzer Wort à Die Naïe Presse en passant par Unzer Kiyoum et bien d’autres, traduisent le besoin impératif de maintenir une culture qui était le quotidien d’un monde englouti par la folie meurtrière du nazisme. C’est le temps du Cabaret Yiddish et du Centre Medem. C’est le temps aussi des controverses infinies entre sionistes, communistes et bundistes. L’arrivée massive, dans les années soixante, de Juifs d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, renforcera numériquement la communauté tout en apportant une touche de jasmin et de piment que porteront haut les Albert Memmi, Marco Koskas, Chochana Boukhobza et tant d’autres.