Abstract: Treize ans après la publication de son essai majeur, La Nouvelle Judéophobie, Pierre-André Taguieff signe une étude stimulante dans laquelle il explore et analyse les formes les plus récentes de la haine antijuive, portée par un antisionisme radical mâtiné de complotisme et une islamisation croissante de la cause palestinienne. La tuerie antijuive de l’« Hyper Cacher », porte de Vincennes, le 9 janvier 2015, s’inscrit dans l’année terrible commencée le 26 janvier 2014 avec la manifestation parisienne « Jour de colère », mais aussi dans la dernière vague antijuive mondiale qui a débuté en octobre 2000 et touché particulièrement la France. Les actions jihadistes des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly montrent que, pour les islamistes radicaux, deux raisons suffisent pour mériter la mort : être juif, être « islamophobe ». La judéophobie contemporaine se caractérise avant tout par sa diffusion planétaire, qui lui fait perdre une grande partie de ses traits nationaux. La diabolisation des Juifs traverse désormais toutes les frontières. Dès lors, la lutte contre la judéophobie doit elle aussi être globalisée.
Abstract: La disparition de la quasi-totalité des Juifs de Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale est due à leur assassinat systématique par les Allemands. Mais que sait-on des comportements de la population polonaise ? La paix revenue, que sont devenus les derniers survivants ? Que nous dit aujourd’hui l’irruption de ce passé dans la société polonaise ? Comment vivre avec la mémoire d’Auschwitz, de Treblinka, de Belzec, autant de mémoriaux situés en Pologne ?
Depuis une quinzaine d’années, des historiens de ce pays ont montré combien il était difficile aux Juifs qui tentaient d’échapper aux tueurs de trouver appui auprès des populations locales, surtout en milieu rural, tant en raison de la politique de terreur menée par l’occupant que de l’hostilité de la société polonaise à l’égard des Juifs. Leurs travaux font désormais autorité dans le monde entier. Pourtant, depuis quelques années, les autorités de Varsovie mettent en œuvre une « politique historique » qui vise à minorer, voire à nier, la participation de franges importantes de la population polonaise à la traque des Juifs.
Sur place, malgré les embûches et les intimidations, les historiens travaillent, publient, organisent des colloques, forment des étudiants. Les auteurs réunis dans cet ouvrage témoignent de la vitalité de cette historiographie. Faire connaître aujourd’hui la fécondité scientifique et la portée critique de la nouvelle école historique polonaise est une exigence intellectuelle, morale et politique.