Abstract: À partir des processus d’adoption par des parents juifs, Sophie Nizard révèle comment se disent l’histoire, la mémoire, la transmission, le rapport entre l’identité religieuse et familiale d’une part et le biologique ou l’hérédité d’autre part.
L’adoption est au croisement des problématiques de la transmission familiale, de la mémoire, et de la religion. Que devient dans ce contexte la transmission matrilinéaire de la judéité ? Par quelles voies les parents adoptants introduisent des enfants non biologiques dans les canaux de la filiation et de la transmission mémorielle ou religieuse du judaïsme ? À partir de cas d’adoption dans des familles juives pratiquantes et non pratiquantes, en France et en Israël, l’auteur met en évidence les enjeux et les complexités autour de ce qu’est être ou devenir juif aujourd’hui, , rend compte du parcours de l’adoption et des questions qu’elle soulève aux divers acteurs : institutions religieuses, organismes d’adoption, travailleurs sociaux, enfants adoptés et parents adoptifs. Elle livre une analyse fine et sensible de la parenté en monde juif, décrit les différences des contextes juridique et légal des deux pays. Cette comparaison permet de comprendre comment dans deux contextes extrêmement différents du point de vue des rapports entre le politique et le religieux, travaille la définition de l’appartenance : qu’est-ce qu’être français, qu’est-ce qu’être israélien, qu’est-ce qu’être juif dans les deux configurations ?
SOMMAIRE
Introduction : Entre parenté et judaïsme - L’adoption un objet partagé
Chapitre I. Filiation dans les textes et positions halakhiques contemporaines
L’impératif de la procréation et les récits de filiation dans les textes de la tradition juive, dans les mythes et les contes populaires
Faire famille : transmission, continuité et ruptures
Chapitre II. L’enquête : Entre la France et Israël
L’adoption, un éléphant dans le salon ?
Les terrains de la recherche
Les acteurs et les procédures de l’adoption en France et à l’international
L’adoption en Israël – Les enjeux politico-religieux
La situation israélienne
Chapitre III. Les étapes d’un « parcours du combattant »
Du désir de procréation à la décision d’adopter
Obtenir l’agrément
Adopter en France : ethnicité, reconnaissance et « look différentiel »
L’adoption internationale
Chapitre IV – La rencontre
L’accélération du temps – l’accélération du récit
L’enfant imaginé, l’enfant photographié, l’enfant rencontré, l’enfant adopté
L’origine de l’enfant, ce que l’on sait de lui, ce que l’on ne veut pas savoir, ce que l’on raconte
La rencontre : un destin ?
Le temps du retour
Devenir parents
Chapitre V. Nommer, inscrire, convertir
Nommer c’est inscrire
La judéité des enfants adoptés : une identité de fait
Convertir
Chapitre VI - Entre hérédité et identification – Le récit des « origines »
Des représentations paradoxales de la filiation : liens du sang / liens du cœur
Le poids de l’hérédité
L’arbre généalogique : une mise en image de la famille dans le temps
La construction des identités individuelles et familiales
Trois récits singuliers : la parole des adoptés et la recherche des origines
Camille : une mère qui se met à la place de ses mères
Sabrina : un entre-deux identitaire
Anna : la construction d’une nouvelle identité familiale
Une mise en perspective
Conclusion – Transmettre
Bibliographie
Abstract: Ce travail s'inscrit au croisement des sciences economiques et des sciences sociales. Il part d'un constat economique, celui de l'extraordinaire croissance, dans les annees 70 a 80, d'un marche, qui vingt ans auparavant n'etait qu'embryonnaire : le marche des produits cacher. Il presente les enjeux d'une telle vigueur : enjeux religieux, symboliques et identitaires d'une part, enjeux economiques et de pouvoir d'autre part. L'etude des pratiques alimentaires juives en modernite, en tant que "fait social total", permet de saisir l'organisation materielle d'une consommation symbolique. L'alimentation, parce que symboliquement centrale en tant que pratique sociale, est un angle d'approche ideal pour une sociologie religieuse du judaisme. Les observations conduite dans le domaine de la cacheront informent sur les juifs de france en dehors de ce seul domaine, mais aussi sur la place de l'alimentation dans toute societe humaine. Cette these s'articule sur deux axes : d'une part croire-pratiques-identites et d'autre part economie-institutions-pouvoir. Les consommateurs, effectifs ou potentiels, dans leur pratiques et leurs representations, etablissent un certain rapport aux textes prescriptifs, face a cela, les acteurs economiques et institutionnels, agissent selon des normes de la tradition, mais aussi selon des logiques propres, logiques de survie financiere et de pouvoir. Ces imbrications se mettent en place pour produire une configuration particuliere nommee economie du croire. Ce concept rend compte de la facon dont deux rationalites, l'une religieuse, l'autre economique, se font face, tantot s'affrontant, tantot se renforcant l'une l'autre. Si l'ethique juive prone un equilibre ideal entre les interets economiques et la necessite d'une solidarite collective, assuree par la centralite accordee au don, qu'en est-il dans les faits ? n'y a-t-il pas une tentation du veau d'or, c'est a dire une inversion entre les fins et les moyens, entre l'ethique et la technique, entre l'objet et le sens ?