Abstract: Aujourd’hui, le djudyó (judéo-espagnol) n’est plus transmis en France. Des associations, comme Aki Estamos, offrent aux personnes qui le parlent ou le comprennent la possibilité de suivre des cours de langue. Les participants, sans être des locuteurs à part entière, ne sont pas non plus des apprenants stricto sensu, puisqu’ils possèdent des compétences linguistiques acquises dans leur enfance. Dans leur cas, la dichotomie entre acquisition et apprentissage est inopérante. Il convient d’identifier les objectifs de ces locuteurs-apprenants, qui suivent les cours sans développer de nouvelles compétences langagières. Ce sont les mots et leurs sonorités qui montent alors sur le devant de la scène, délaissant la grammaire. Le cadre des cours constitue un prétexte pour retrouver une langue et un monde disparus. M’appuyant sur l’observation participante, j’esquisserai les profils linguistiques de ces participants pour tenter d’en comprendre la démarche.