Abstract: Lorsqu’un tribunal allemand à Cologne décida que l’ablation du prépuce pour motif religieux relève de coups et blessures volontaires, il ne pensait pas faire de politique. Lorsque les porte-parole des Juifs en Allemagne s’indignèrent que cette décision revienne en somme à bannir les juifs du pays, éclata un scandale politique national aux proportions mondiales. La chancelière Angela Merkel, rapporte-t-on, réagit en disant « Je ne veux pas que l’Allemagne soit le seul pays au monde dans lequel les Juifs ne peuvent pratiquer leurs rites. Sinon on passerait pour une nation de guignols ». En réalité ce n’est pas le ridicule que l’Allemagne craignait, c’était qu’après avoir tenté d’éradiquer les Juifs d’Europe, avec un certain succès, elle affiche une inhospitalité foncière à l’égard des Juifs. Mais il n’est pas fortuit que ce soit précisément en Allemagne que les droits de l’homme, les droits les plus individuels, soient scrupuleusement approfondis jusqu’à une conclusion politiquement intenable.
Le tribunal de Cologne, en pénalisant la berit milah, ne fait pas de politique, il protège l’intégrité physique de la personne et déclenche pourtant un scandale politique et des réactions en chaîne qui poussèrent le législateur allemand à amender dans l’urgence cette embarrassante décision. Et les juifs, lorsqu’ils circoncisent, que font-ils exactement ? Les anthropologues ont échafaudés un ensemble d’hypothèses sur la fonction de la circoncision. Les réponses varient selon le groupe étudié, mais souvent se chevauchent…
Abstract: Un nombre considérable de juifs a quitté la France dans la dernière décennie, sans que les paroles rassurantes émanant des plus hautes autorités de l’État aient pu arrêter l’hémorragie. Quant à ceux qui restent, ils ne peuvent éviter l’idée de devoir peut-être partir un jour, au regard des événements et d’un climat général dont chacun perçoit le poids.
La sociologie politique, curieusement, n’a que bien peu à dire sur un tel phénomène. Prolixe sur la question de l’immigration, elle est pratiquement muette sur le fait que la France ait pu ainsi devenir une terre d’émigration. Qu’est-il donc arrivé ? Pour le comprendre, l’invocation commode des tensions intercommunautaires et du radicalisme islamiste est bien loin de suffire. C’est une généalogie au long cours de notre situation qui est requise, une restitution des dynamiques complexes où sont intriqués, depuis la Seconde Guerre mondiale, les juifs, l’Europe et l’État d’Israël.
De cette manière, et de cette manière seulement, l’un des points les plus sensibles du malaise politique actuel peut enfin être affronté.