Abstract: Loin d’avoir disparu, la haine des Juifs est entrée dans un nouveau régime en se fixant sur Israël, cible d’une guerre médiatique de haute intensité. L’antisionisme radical, dont l’objectif est la destruction de l’État juif, représente en effet la dernière figure historique prise par la judéophobie. À ce titre, négatrice du droit à l’existence d’une nation, elle constitue l’une des principales formes contemporaines du racisme. Pour comprendre comment s’est accomplie la mondialisation de cette nouvelle configuration antijuive, l’auteur dissèque le nouveau discours de propagande des ennemis déclarés d’Israël tel qu’il s’est développé au cours des années 2000-2010. La nouvelle vision antijuive, qui consiste à « nazifier » les « sionistes » en tant qu’« agresseurs » et à « judaïser » corrélativement les Palestiniens en tant que « victimes », permet d’accuser les « sionistes » de « génocide » ou de « palestinocide ». Ce discours de propagande est replacé dans son contexte international, marqué par une menace islamiste centrée sur l’appel au jihad contre les Juifs.
Analysant divers matériaux symboliques exploités par la nouvelle propagande antijuive — images ou discours —, P.-A. Taguieff donne à comprendre comment et pourquoi la haine des Juifs, plus d’un demi-siècle après la Shoah, a pu renaître sous les habits neufs de l’« antiracisme » et de l’« anticolonialisme » et, grâce aux médias, se diffuser en recueillant l’assentiment d’individus parfois convaincus d’être étrangers à tout préjugé antijuif.
Abstract: Treize ans après la publication de son essai majeur, La Nouvelle Judéophobie, Pierre-André Taguieff signe une étude stimulante dans laquelle il explore et analyse les formes les plus récentes de la haine antijuive, portée par un antisionisme radical mâtiné de complotisme et une islamisation croissante de la cause palestinienne. La tuerie antijuive de l’« Hyper Cacher », porte de Vincennes, le 9 janvier 2015, s’inscrit dans l’année terrible commencée le 26 janvier 2014 avec la manifestation parisienne « Jour de colère », mais aussi dans la dernière vague antijuive mondiale qui a débuté en octobre 2000 et touché particulièrement la France. Les actions jihadistes des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly montrent que, pour les islamistes radicaux, deux raisons suffisent pour mériter la mort : être juif, être « islamophobe ». La judéophobie contemporaine se caractérise avant tout par sa diffusion planétaire, qui lui fait perdre une grande partie de ses traits nationaux. La diabolisation des Juifs traverse désormais toutes les frontières. Dès lors, la lutte contre la judéophobie doit elle aussi être globalisée.
Abstract: Il serait dramatique, et éminemment regrettable, qu'aucune voix ne s'élève aujourd'hui pour dénoncer « l'antisémitisme », dont les manifestations spectaculaires se sont multipliées au cours des deux dernières années - sans que les médias ne leur accordent la moindre place, à quelques exceptions près, - au moment même où se produit une très forte résurgence. Pierre-André Taguieff nous alerte sur cette seconde vague, post-nazie, ayant pris une forme tout à fait nouvelle : héritière des arguments traditionnels de l'antisémitisme, elle allie antisionisme et processus d'islamisation. Il la nomme nouvelle judéophobie. Ses expressions les plus récentes : en France, la multiplication des actes déliquants contre des synagogues, mais aussi les insultes et menaces adressées à des familles juives installées en banlieue, et tout récemment, un certain match de football France-Algérie ; au niveau international, la conférence de Durban, à la fin du mois d'août 2001, au cours de laquelle se jouèrent des pressions énormes pour stigmatiser et exclure les organisations israéliennes et juives ; et puis, les déclarations d'Oussama ben Laden depuis le 11 septembre. Dans le nouveau contexte géopolitique qui s'est brutalement dessiné, les intellectuels et la presse français restent curieusement muets, comme pétrifiés. Ils sont pris entre les thématiques de la victimisation sociologique des jeunes de banlieue et la dénonciation du fanatisme islamique. Pourtant, il est urgent de refuser intolérance et fanatisme, de décrire une évolution inquiétante très précisément, et de dénoncer toute pensée « amalgamante ». Le livre est né d'une communication donnée par l'auteur au Sénat lors du colloque « Les nouveaux visages de l'antisémitisme », le 14 octobre 2001.
Abstract: Never since the end of World War II have anti-Jewish sentiments gained such currency in France among so many different social groups. Never have these sentiments been so publicly expressed and met so little intellectual and political resistance as they have since the year 2000. As the number of anti-Jewish incidents escalates, the anti-racist demonstrations that ordinarily would respond to them are nowhere in sight. Important questions therefore need to be put now about the shockingly common acceptance of anti-Semitic attitudes and behavior. In this important book, Mr. Taguieff surveys the landscape of contemporary anti-Semitism, describing its leading figures, the role of the conflict between Israelis and Palestinians, the Islamic influence in promoting anti-Zionism, and the blindness, complacency, or connivance of various institutions, groups, and individuals. The new wave of anti-Semitism spreading around the world, the author shows, is based on a polemical and fanciful amalgam of Jews, Israelis, and "Zionists" as representatives of an evil power. In the eyes of the new anti-Jews, the world's ills can be explained by Israel's existence. The chief accusation, purveyed especially by international Islamic circles and the heirs to Third Worldism, is that "Zionism," far from being a respectable nationalism like that of the Palestinians, is actually a form of colonialism, imperialism, and racism. The old European anti-Semitism, Mr. Taguieff notes, was a particular kind of racism, directed against Jews. The new worldwide anti-Semitism seeks to turn the charge of racism against the Jews.