Abstract: The Jews of France have been liberated for over two centuries; they have been considered free citizens and equal to their compatriots. What purpose, then, does it serve to study their citizenship today? Until World War II, French Jews called themselves "Israelites;" they were deeply patriotic and had found a place for themselves in France’s "community of citizens." However outbursts of anti-Semitism during that period reminded them that their new status prevented neither hate nor rejection; they had to persevere in the struggle for citizenship equity.
France has not been spared from recent movements demanding recognition of particular identities in the public space. Ethnicity in French political life has become increasingly obvious, in spite of the constant assertion of "republican values." Questions about immigration, nationality, and integration are constantly in the forefront of public life. Though, in France, the existence of ethnic and religious communities is not legally recognized, certain groups are designated as separate, often creating conflicts among them
Abstract: Les juifs furent longtemps des patriotes ardents. Ceux qui, dans le passé, se désignaient eux-mêmes comme des « israélites » s’étaient toujours comportés comme des citoyens modèles, affirmant haut et fort leur patriotisme et réinterprétant le judaïsme sur un mode essentiellement spirituel. Aujourd’hui, la République s’affaiblit, l’antisémitisme de l’extrême-gauche rejoint l’antisémitisme traditionnel de l’extrême-droite, l’insécurité grandit. Comment les juifs réagissent-ils ? Assiste-t-on à l’émergence d’une nouvelle condition juive en France ? C’est à ces questions qu’une enquête par questionnaires réalisée auprès d’un échantillon de la population juive à Strasbourg, Toulouse et dans la région parisienne, apporte des réponses objectives. Mais l’analyse de la situation actuelle ne peut négliger la réflexion plus large, à la fois historique et sociologique, sur les transformations actuelles des rapports entre les identités ethnico-religieuses et la citoyenneté. L’exemple des juifs peut aussi être un révélateur. Doit-on voir dans les inquiétudes de tous et dans la tentation du repli sur soi d’une partie des juifs le signe d’une « ethnicisation » ou d’une « communautarisation » croissante de la société démocratique ? Cette enquête montre pourtant qu’entre la tentation de vivre entre soi et celle d’intervenir en tant que juifs dans l’espace public, la majorité des juifs français tente d’élaborer ce qu’on peut appeler un « nouvel israélitisme ».